mon vrai nom
-
L'opium prépotent et absolu
En ces temps là, l'opium des apothicaires et des droguistes pour les familles jouxte celui des toxicomanes mais les dosages font tout.
|
Selon le texte récupéré d'un traité de médecine légale d'antan, on identifie l'usage de l'opium dans la société de jadis. A l'adresse des pharmaciens, des médecins et de la cellule familiale, on met le focus sur le sommet de l'iceberg. On préfère ignorer la part immergée, clandestine. On ne sait même pas si il y en a une ni de quelle importance mais les chiffres des dosages sont intéressants. Ils sont des points de repères comme des bornes entre une application avouée des remèdes et... l'inconnu. Par les dosages établis, l'opium est envisagé avec toute la puissance fulgurante originale authentique d'un produit fort issu de la nature... Le monde a changé. Il peut, mais on doit savoir.click / tap sur l'image >>> |
|
"La
Médecine Nouvelle pour 1913"
[copy]
-
S93. — OPIUM.
— C'est le suc concert du Pavot blanc, plante qui croît sous notre climat, mais qui ne donne d'opium que dans l'Orient ; on le recueille en faisant des incisions aux capsules du pavot. C'est à l'Opium de Smyrne que l'on donne la préférence. Cette substance est fort usitée en médecine comme calmant, narcotique, antinévralgique, et elle est vénéneuse à dose peu élevée. Elle doit ses propriétés à un assez grand nombre de principes actifs dont les plus connus sont la Morphine et la Codéine. Mais ceux-ci ne sont pas toujours en quantité égale dans l'opium, et celui-ci s'altère en vieillissant, en sorte que les préparations pharmaceutiques faites avec ce médicament peuvent avoir une activité différente selon l'opium employé. Cet inconvénient se trouve évité par l'emploi des Pilules Hypnotiques (929) qui, à cause de leur dosage certain et toujours le même, sont prescrites de préférence aux préparations d'opium, dans les mêmes cas que celles-ci. -
Poudre d'opium.
— L'Opium brut pulvérisé se prescrit à la dose de 0,10 centigr. par jour, seul ou associé à d'autres poudres. -
Extrait d'Opium, Extrait Thébaïque.
— Son activité est le double environ de celle de l'opium; on le prescrit à la dose moyenne de 0,05 centigr. par jour, en pilules ou dissous dans des loochs, des potions, des sirops. -
Pilules d'Opium composées, Pilules de Cynoglosse.
— Elles renferment 10 pour 100 d'Extrait d'Opium, de la Jusquiame, et diverses substances aromatiques et résineuses. On les fait du poids de 0,05, 0,10, 0,15 ou 0,20 centigr. Une ou deux le soir, pour provoquer le sommeil. -
Sirop d'Opium, Sirop Thébaïque.
— On incorpore 2 gram. d'Extrait d'opium à lOOO gram. de Sirop simple. Chaque cuillerée à bouche de ce sirop renferme 0,04 centigr. d'extrait d'opium. -
Sirop Diacode.
— On ajoute 0,50 centigr. d'Extrait d'opium à lOOOgram. de Sirop simple. S'emploie dans la médecine des enfants. -
Sirop contre la toux.
— Sirop de Tolu, Sirop de Bourgeons de sapins, Sirop d'Opium, 60gram. de chaque. Une cuillerée à bouche trois fois par jour, dans une tasse de tisane de fleurs pectorales ou de fleurs de mauves. Pour adultes.
[/copy]
Remarque: "...à la dose de 0,10 centigr. par jour" càd au maximum 1 milligramme par jour de poudre d'opium, mais oui ! On prend en considération du vrai opium potent antérieur aux interdictions. En conclusion, il s'agit de chiffres non prémédités par la War on Drugs !!
-------------------------------------
Le rythme du cheminement des caravanes marchandes par les routes de la soie couvre une ligne de temps sur des siècles. Mais le boom exponentiel de l'opium dans un monde de plus en plus petit et densifié ajoute une dimension géopolitique moderne à la tradition.
Avant l'invention de l'étiquette du "Croissant d'Or" par les médias (à la fin des seventies), toute une part de l'Orient était déjà l'atelier de la drogue depuis des siècles. Les us et coutumes régionales en cours placèrent la consommation d'opium et de haschisch en une indifférence, au contraire du tabac, de l'alcool et le café. Les pouvoirs politiques ont souvent réprimé l'usage du café et de l'alcool comme causes de turbulence en des lieux de consommation. L'usage du tabac en société initiait la discussion critique et les commentaires à propos des princes et des édiles. La vivacité provoquée en des lieux publics entre les interlocuteurs était mal perçue par les présences au pouvoir redoutant la faculté de ces produits à initialiser l'agitation, souvent associée à une possible résistance populaire. Les lieux de consommation s'établissaient parfois comme épicentres des velléités.
L'opium et le haschich, c'était différent. Leur usage plongeait les consommateurs en un retrait du monde. Ceux-ci ne désiraient qu'une chose. Rêver. Pour autant que la source de drogue ne se tarisse, la sphère des initiés exprimait l'effacement extatique. Ainsi l'usage de l'opium par exemple, ne gênait pas le pouvoir politique totalement indifférent. Prenons le Coran qui ne mentionne rien au sujet de l'opium ni du hashich alors que l'alcool ("khamr" en arabe) y finit diabolisé. Les mécanismes actuels des enseignements du Coran agissent indirectement et par interprétation pour étendre l'opprobre sur les stupéfiants. Mais aux yeux de l'Islam ancien, les usagers de toutes les classes sociales en addiction à l'opium finissent d'une manière générale en une sorte de tiers état que l'on ne prend même pas en considération...
L'opium et le cannabis possèdent des propriétés analgésiques et sédatives. Ceux des usagers assurés d'un quota de fourniture à disposition se complaisent en un domaine dissocié de la vie courante, laquelle se poursuit par ailleur... En agora.
(Nota: les tenants et aboutissants des hachischins vis à vis de la drogue se considèrent au niveau particulier du manque pallié par de la violence...).
Dans la décennie des années de 1940, la manie opiomane caractérise la Turquie, l'Iran et l'Inde. En Iran par exemple, 11% de la population de l'an 1949 est addict à l'opium, sans rémission possible (toxicomanes), et les fumeries fleurissent à Téhéran et dans le pays. En 1969 les coupons pharmaceutiques de l'état iranien ne suffisaient pas à contingenter le nombre des opiomanes déclarés et clandestins. L'explosion de l'héroïne s'ajouta au crescendo de l'opium par le biais des autochtones et des "touristes" (hippie trail).
Dans les années 1940 et 1950, le vosin turc, n'établissait pas de chiffres précis sur la consommation intérieure. Les autorités turques de l'époque en minimisaient souvent l'étendue. On gardait avant tout en vue la production d'opium déstinée au commerce légal d'exportation. Mais une grande partie de cette marchandise allait aux réseaux illicites internationaux pour la fabrication d'héroïne. Sans chiffres rationnels établissant une évaluation de la consommation réelle (licite + clandestine), une certitude transcende: l'opium turc détenait une réputation avérée de la plus forte teneur en morphine (environ 12-14 %) maintenue sur le temps des récoltes successives. Ceci le rendait particulièrement attrayant aux yeux des fournisseurs de laboratoires d'héroine officiels ou illégaux.
Ainsi, la Turquie détenait la réputation de l'opium marchand le plus fiable et de qualité régulière et persistante, même si l'Afghanistan pouvait occasionnellement s'inscrire au palmarès par une concentration égale ou légèrement supérieure.
Remarque: Dans l'Empire Ottoman, et même en Turquie Moderne, malgré les conséquences irrévocables pour l'Homme, l'usage d'opium se fait sans encontre de la loi alors que le tabac plus bénin, se cadre en des réglementations et contrôles stricts.