Philippe RAYMOND

 

Philippe RAYMOND INFECTIONS CHRONIQUES A CHLAMYDIAE PNEUMONIAE, TRACHOMATIS ET MYCOPLASMA PNEUMONIAE

Le Docteur Philippe Raymond travaille en collaboration avec Philippe Bottero. Le texte et l’intervention qu’il présente permettra à tous d’organiser leur travail en la matière. Nous le remercions ici pour sa disponibilité et sa volonté de transmettre ses connaissances.

 

INFECTIONS CHRONIQUES A

 CHLAMYDIAE PNEUMONIAE, TRACHOMATIS

ET MYCOPLASMA PNEUMONIAE

ANALYSE SÉMIOLOGIQUE  SUR  137 CAS ET  PROPOSITION DE TRAITEMENT

 

 

 

I   INTRODUCTION

Comme le Dr Philippe Bottero l’a décrit dans son exposé, certaines formes microbiennes, notamment les bactéries intracellulaires, ont la capacité de persister de nombreuses années dans l’organisme, et de déclencher, si le système immunitaire devient moins performant, des pathologies avec atteinte générale, qui deviennent chroniques car la cause infectieuse passe souvent inaperçue. La persistance bactérienne à bas bruit est déjà bien connue dans certains cas : maladie de Lyme par Borrelia Burgdorferi, fièvre Q par Coxiella Burnetii , infection génitale chronique par Chlamydia Trachomatis. Mais il s’avère que d’autres pathogènes possèdent les mêmes propriétés : Chlamydophila Pneumoniae (appelée communément Chlamydia Pneumoniae), le genre Mycoplasma (Pneumoniae, Hominis, Ureaplasma, Génitalum, Penetrans, Fermentans...), le genre Rickettsia (Typhi, Conorii, Prowasecki…), Bartonella, Babesia, Ehrlichia, et aussi d’autres espèces de Borreliae. Plusieurs auteurs ont montré qu’il existait des formes dormantes de ces bactéries, un peu comme les formes sporulées des levures, expliquant non seulement la chronicité de l’infection, mais aussi la moindre virulence, la résistance aux traitements antibiotiques courts, et les rechutes tardives:

- Les formes kystiques  des  Borreliae sont  bien connues.

- Le Pr Giroud dénommait les formes dormantes des Rickettsies : « les  corps homogènes »

- Publication de Moulder sur  les  « formes cryptiques » de Chlamydia  Psittaci

- Le Pr Charles Stratton  et ses associés de Vanderbilt University, USA ont décrit les  « cryptic body » des Chlamydophila  Pneumoniae

- Le Pr Luc Montagnier vous  a  exposé la capacité des  Mycoplasmes  à  engendrer une  infection chronique par le biais des nanoparticules

- Kim Lewis (USA), Anju Usman  (USA)  et d’autres ont étudié les  « biofilms » dont certaines  bactéries s’enveloppent pour se protéger du système immunitaire.

Personnellement, j’avais déjà remarqué depuis 15 ans, que certains tableaux sub-aigus d’asthénie intense guérissaient spectaculairement après 1 semaine de traitement par macrolides. J’avais appelé cela le « syndrome de fatigue vasculaire », car co-existaient d’autres symptômes généraux notamment vasculaires. Mais le sujet est bien plus vaste puisque de nombreux patients « passent à la chronicité », et ces pathologies évoluent sournoisement pendant de nombreuses années 

  • Dans notre pratique quotidienne, quels sont les patients concernés ?
  • Quels symptômes présentent ces patients ? Comment faire le diagnostic ?
  • Quelle est la réversibilité de ces symptômes ?
  • Et avec quel traitement ?

C’est le sujet de cet exposé et de l’étude présentée ci-après

 

 

II   INFECTIONS CHRONIQUES ET STRESS OXYDANT

Tout d’abord, il est  bon de bien comprendre l’origine multifactorielle de ces pathologies, et  notamment que ces  infections  se développent plus facilement si  l’organisme est  affaibli par un stress oxydatif.

   SYNDROME DE  FATIGUE CHRONIQUE

Noter les  deux « cercles vicieux » d’auto-alimentation  du stress oxydant que sont les flèches rouges :

  • Les infections  froides, qui l’aggravent  en retour, et  de façon très importante  d’après le Pr Montagnier (cf Livre : « Les  combats de la vie » , février  2008)
  • Les symptômes psychiatriques (irritabilité, hyper-anxiété, dépression) qui entraînent une moins bonne  « gestion » du  stress psychique quotidien, d’où là aussi une augmentation du stress oxydant.

 -  On peut aussi noter sur ce schéma  l’aggravation directe des symptômes par  la  voie  Psychosomatique directe (en fonction du  vécu psychique douloureux)

 

 

III  ANALYSE SÉMIOLOGIQUE

       A     RECUEIL DES DONNÉES 

Il s’agit d’une analyse tirée d’une étude sur 137  patients adultes présentant :

  •  Une  pathologie chronique non stabilisée sous traitement médical (dépression chronique, syndrome douloureux chronique, fatigue chronique, colopathie…)
  • Des symptômes multiples, touchant plusieurs sphères (ex : crampes, gastralgies, sueurs nocturnes, lipothymies…) appartenant  à une liste de  symptômes déjà répertoriés dans les études des Dr Philippe Bottero (France), Dr Cécile Jadin (Afrique du sud) ou Pr Garth Nicolson (USA)
  • d’autre part une sérologie positive à Chlamydiae  Pneumoniae, Trachomatis, ou Mycoplasma Pneumoniae;

Buts  de l’étude :

  • Confirmer la responsabilité d’une infection chronique à germes intracellulaires dans ces pathologies.
  • Répertorier  les symptômes significatifs de ces infections, afin d’établir  une « aide diagnostique ». 

En :

  • Contrôlant la disparition de la symptomatologie sous traitement antibiotique ciblé.
  • Vérifiant la négativation des sérologies après  guérison clinique.

Certains  patients  présentaient  des  sérologies  positives à Rickettsia, Coxiella  ou Borrelia (sérologies  à rechercher en pratique). Leur prise  en charge a été  quasiment identique  mais ils  n’ont  pas été inclus  dans  cette étude en raison de leur nombre insuffisant.

Dans chaque cas, la pathologie chronique  était installée  depuis  plus d’un an : de 1 à 35 années d’évolution  avec une moyenne de 9,4 années.

Chaque patient était interrogé suivant une liste de 80 symptômes

 

 Après analyse statistique, n’ont été retenus comme critères sémiologiques fiables que les symptômes exploitables, c’est à dire:

-  Suffisamment fréquents ou/et suffisamment spécifiques :

(Symptôme présent régulièrement, plus de 1 fois par semaine depuis au moins 6 mois. Evidemment certains symptômes sont quotidiens, voire pluri quotidiens et depuis de nombreuses années…)

-  Quantifiables par le patient (fréquence  d’apparition par  semaine/jour).

-  Réversibles sous traitement antibiotique.

On en retient une trentaine, que l’on a choisi de regrouper en 19 «critères diagnostiques»

Ces symptômes reflètent l’atteinte vasculaire, musculaire, et l’irritation à distance  provoquée par  ces toxines  d’origine bactérienne.

 

Dans cette étude,  tous les cas  présentaient au moins 5 de ces « critères », en plus du symptôme « fatigue » (8,9 en moyenne, et très souvent plus de 10  critères par patient…).

De façon surprenante, la clinique était indépendante du type de germe retrouvé: Il n’existe que peu de différences sémiologiques significatives que la sérologie soit positive à Chlamydiae Pneumoniae, Mycoplasma Pneumoniae ou Chlamydiae Trachomatis.