je connais un ami bengali avec la peau de couleur ayant viré au blanc. On appelle cela « vitiligo » et ce mot académique de la médecine fit les titres d’une actualité du temps de Michaël Jackson le chanteur, si on se souvient bien...

 

Quand la génétique d’une personne rappelle des antécédents anciens du temps passé, alors l’apparence change. Ainsi au Bangladesh, des ancêtres portugais sont venus occuper le présent en la personne du musicien traditionnel (et moderne) que je connais...

 

Les échos génétiques du passé peuvent se manifestent de toutes les façons (pas que noir ou blanc).

 

Que dire d’un Arménien commué en Turc ? Le cachet arménien se distingue à l’apparence. C’est caractéristique. Idem pour l’apparence turque. Il y a aussi les sujets associant les caractéristiques turques et arméniennes (ou grecques...) mais ils le savent de prime abord depuis leur jeunesse. Il n’y a pas de surprise. La constance génétique établie les accompagne durant leur vie.

 


Dikran né à Bruxelles en 1923


Non. Je veux parler d’une apparence changeante, comme le vitiligo. Par exemple on naît d’origine arménienne, et vers 60 ans les caractéristiques turques se révèlent progressivement dans le miroir (voir photo).

 

Pour un Arménien avec son nom arménien, c’est préoccupant. Il s’agit d’une remise en question existentielle !

 

Or par certains souvenirs familiaux, photographies et objets en provenance de la Turquie ottomane, une information arrive jusqu’ici... Ma famille originaire du vilayet de Trébizonde a quitté les lieux à cause du génocide arménien.

photo : Archag, le fils de Dikran (autoportrait 2022).


 

le réduit héllénistique de Trébizonde correspondra plus tard à un vilayet ottoman...

l’Empire de Trébizonde ancien et le vilayet ottoman de Trébizonde ont quasiment le même profil


Sur une vieille photo (non présentée ici) retrouvée dans une boite au grenier, on reconnaît un aïeul et le personnel d’une manufacture des tabacs ottomans. Sur d’autres photos on lit du français, de l’arménien, du turc ottoman... Autant de données menant à la vie quotidienne du 19 me siècle à Trébizonde et Samsun au bord de la Mer Noire.

photo de droite : Haïganoush, toute la classe byzantine, était de culture arménienne et de religion chrétienne (autorité du Patriarcat de Constantinople) au temps du vilayet de Trébizonde...




Du coup on se pose cette question : d’où vient mon reflet turc ? Mon nom de famille évoque le mouton avec un suffixe en « djian » comme de bien entendu pour les Arméniens... Un mouton !!! Serait-ce le fait d’un métier en élevage de moutons ?? Des bergers ??



L’interrogation suscite des recherches accaparantes sur le Web et voila une évidence en résultant : la silhouette du sandjak de Trébizonde correspond historiquement à un empire d’empreinte byzantine. L’Empire de Trébizonde !!

à droite : à l’époque ottomane, le français se retrouvait bien comme on le voit sur l’illustration du 19me siècle.




Au temps des Chrétiens, le petit empire excentrique chrétien trouvait son activité et sa richesse (Vénitiens, Gênois...) comme point d’achoppement principal de la Route de la Soie. Cet état, chargé de lustre honorifique, avoisinait une fédération turkmène nouvellement arrivée en Asie Mineure. On cite : Aq Coyunlu, ou la Horde du Mouton Blanc (qui accapara les territoires de la Horde du Mouton Noir plus à l’Est, encore des Turkmènes, après de sanglantes batailles...)

 

De là on pense que avec de tels barbares le destin de l’Empire de Trébizonde sera scellé sur un sort funeste. Et bien non, pas encore !

 


monument à Uzun Hasan (Turkmenistan)

voir tête de bélier sur étendard


Dans les textes du Moyen-Age, le géographe vénitien Ramusio narre :

Or, Jean IV de Trébizonde possédait une fille, connue sous le nom de Despina Khatun (de son vrai nom, Théodora), et dont « [...] il était de commune opinion qu'il n'en fût pas en ce temps de plus belle ».

On imagine aisément qu'Uzun Hasan convoitait la jeune princesse. Mais il est absolument remarquable que celui-ci l'ait acceptée comme épouse contre une dot quasi nulle, en promettant l'appui inconditionnel de ses armées et de son trésor à son beau-père, et en la laissant demeurer chrétienne[35]. L'existence d'une princesse byzantine influente auprès d'Uzun Hasan — certes un « infidèle » — mais l'ennemi juré des sultans ottomans fit naître dans l'Occident du Moyen Âge finissant un espoir diffus de nouvelle croisade et de triomphe du christianisme, faisant de la princesse de Trébizonde une sorte de Prêtre Jean au féminin[36].


Trébizonde disposait ainsi d'une alliance de poids, laquelle pouvait être renforcée par les princes chrétiens d'Arménie ou de Géorgie, ainsi que par les puissances turques d'Asie Mineure encore indépendantes telles que l'émirat de Sinope ou le beylicat de Karaman, naturellement hostiles à l'expansionnisme des Ottomans[35]. Une véritable ligue s'était ainsi constituée lorsque mourut Jean IV, en 1459. Son frère et successeur, David II, poursuivit sa politique, s'efforçant de consolider l'alliance avec le souverain d'Ak Koyunlu, son neveu par alliance, mais recherchant également de l'aide en Occident auprès des deux plus ardents partisans de la croisade de ce temps : le pape Pie II et le duc de Bourgogne, Philippe le Bon[37]. Si l'enthousiasme des Latins fut grand, les ambassades de David eurent des résultats pratiquement nuls[38].


Husun Hasan battait monnaie, c'est significatif…

Les historiens le savent bien...

Cette pièce d'or a été frappée à Diyarbakir.

Otlukbeli : deux portraits lapidaires face à face : Huzun Hasan et Mehmet II

les Aq Qoyunlu et l’Empire Ottoman se font la guerre...

 

En 1461 Mehmet II l’Ottoman entra dans Trébizonde et mit fin à la présence politique byzantine du Pont. Bien que Huzun Hasan honora ses promesses et gagna des batailles contre les Ottomans, la nouveauté des armes à feu et des canons mit un terme aux espérances anti-ottomanes qui opposèrent de ces moyens de guerre contre la Horde.pour la 1ère fois. Le canon avait déjà pris part au siège de murailles (comme à la chute de Constantinople) mais en campagne c’était nouveau et là Huzun Hasan ne put rivaliser à la bataille d’Otlukbeli en 1473. (en Turquie existe un monument commémoratif : voir photo)

 

La belle princesse Theodora Megale Komnene , également connue sous le nom de Despina Khatun, fille de Jean IV de Trébizonde avait épousé le souverain turkmène des Aq Qoyunlu (Horde des Moutons Blancs). Elle a exercé son ascendant sur la politique turkmène à plusieurs reprises.

 

La légende de la « princesse de Trébizonde » existe sur des faits réels. et de là on peut se demander pourquoi a-t-il fallu des larmes et du sang et un génocide pour aboutir à ce que des précurseurs chrétiens et musulmans avaient initié par la paix et l’amour au XVme siècle.

Au final la Turquie actuelle est égale à elle-même.



Mes ancêtres de Trébizonde m’ont légué un nom associé à l’épisode historique de la Horde du Mouton Blanc.



Peace & Love.